Héritiers de cette histoire Ces deux évènements m’ont inspiré ces quelques lignes: Il y a un peu plus de 50 ans, quelques prêtres, mais aussi d’autres chrétiens ont pris conscience du fossé qui séparait l’Église du monde ouvrier. Marie-Dominique Chenu disait: « L’Église est, à la lettre, pour le monde ouvrier, une étrangère » (1) Ce constat fit l’effet d’un choc. Il suscita chez les prêtres un appel, un désir brûlant de réduire cette distance. Pour cela, ils ont voulu vivre leur ministère dans un travail manuel salarié. Cet élan évangélique, cette audace missionnaire furent brutalement stoppés par le décret de Rome. Quelques années plus tard, en 1965, parce que certains y ont toujours cru et se sont battus pour cela, le mouvement repart. Aujourd’hui, nous sommes les héritiers de cette histoire. Avec probablement beaucoup de nuances, un même souffle évangélique nous anime. Nous avons laissé une terre qui pouvait se suffire. Nous avons quitté une maison qui nous procurait gîte et couvert. Nous avons osé la traversée pour passer sur l’autre rive. Nous avons enfilé le bleu de travail, les bottes de chantier, les chaussures de sécurité. Nous avons rejoint ceux qui allaient devenir pour toujours nos compagnons de route. Au milieu d’eux, et comme portés par eux, nous avons franchi la porte des usines. Là, " dans ces temples de la technique, où vit et palpite le monde moderne " (2), nous avons connu la dureté du travail manuel, on s’est sali les mains, notre corps a souffert. Sur cette terre aride et étrangère qui est devenue la nôtre, il n’est pas toujours facile de tenir debout et d’avancer. Nous avons vite compris qu’il fallait se battre collectivement pour défendre notre dignité. Nous avons rejoint ceux qui s’étaient organisés dans les syndicats pour lutter contre l’exploitation pour un mieux être, un mieux vivre. « Est-il possible d’être présent, d’être en communion de vie avec ce monde-là, sans l’accompagner dans son combat de libération ? » (3) Ce peuple est devenu le nôtre. Nous y vivons la solidarité, la fraternité, le combat pour la justice, l’attention aux plus fragiles, aux blessés, tous ceux qui risquent d’être oubliés au bord du chemin. Nous partageons aussi ses doutes, ses questions, ses peurs, ses révoltes, sa lassitude. Loin d’être un lieu désertique, ce terreau d’humanité, richesses et pauvretés entremêlées, est nourriture pour notre ministère. « Ce qu’il y a de beau dans le désert, disait Saint-Exupéry, c’est qu’il cache une source quelque part » . Et nous lisons dans la Bible: « Dieu est en ce lieu et je ne le savais pas, lieu redoutable... maison de Dieu, porte du ciel » (4) Mais comment dire cette aventure spirituelle vécue au cours de cette traversée ? Ce pain reçu, comment le partager ? Cette eau vive jaillie de ces vies humaines, comment pouvons-nous l’offrir ? Ce souffle, même simple brise légère, comment le transmettre ? Cette parole entendue, comment la communiquer ? Sur ce chemin, il nous arrive de nous arrêter, de nous asseoir autour d’une table pour partager notre espérance, dire en quoi, en qui nous croyons. Il nous arrive de reconnaître, de nommer celui qui nous fait vivre. Ensuite... les portes de l’auberge restent ouvertes. La table est mise. La route continue...
A Cublac, le 1er mars 2004 - Antoine
BrethomÉ, PO en activité dans le bâtiment (1) - Dans la "Vie Intellectuelle" - n° de février 1954 (2) - Citation de Paul VI (3) - Y. Congar / M.D. Chenu (Vie Intellectuelle citée) (4) - Livre de la Génèse (chap. 28, 16/17)
et aussi : Déclaration
du Comité épiscopal pour la mission en monde ouvrier L'équipe PO de Meurthe et Moselle: Un article d'Emile POULAT, historien Mars 1954 : ARRET brutal - Mars 2004 : AVENIR en Mutation
P A R O L E S DE P. O. EN 1954... Fidèle
à l'engagement ouvrier En
54, pendant de longs jours, de longues nuits, je
suis resté en déséquilibre, me demandant s'il
fallait ou non me soumettre. Finalement, je n'ai
pu me résoudre à trahir la confiance que tant de
camarades avaient mise en moi. Il me fallait
rester à l'écoute des problèmes, des questions
de chacun. Combien d'entretiens ai-je eus dans
l'intimité avec des communistes chevronnés qui
m'interrogeaient sur le sens de la vie, Dieu, l'Eglise... Ma
force c'était d'avoir, en près d'un quart de siècle,
acquis la confiance totale de mon entourage
ouvrier. D'autres, qui n'avaient pas une expérience
aussi longue, ont finalement lâché. Certains
sont devenus cadres, voire patrons. Quelques-uns
ont viré au contraire au marxisme. Mais la
majorité, qu'ils aient quitté l'Église, se
soient mariés ou soient devenus prêtres au
travail, avec l'accord de la hiérarchie, sont
restés fidèles à l'engagement ouvrier. Pour
ma part, ce qui m'a aidé à tenir, c'est la
conviction que l'Église reviendrait un jour sur
son interdiction » Roger
DÉLIA T
Au
café de la Paix, 20 /21 février 54 «
C'était assez dramatique. Surtout parce que ça
faisait du temps que cela se préparait. Le
Cardinal Feltin avait convoqué tous les PO de
Paris pour leur lire la fameuse lettre des évêques
de France qui nous demandaient de nous soumettre,
qu'il fallait penser à nos familles... Nous nous
étions déjà vus avant. Nous avions déjà pris
notre décision .... Ce qui a quelque peu dramatisé
les choses, c'est qu'il y a eu une sorte de
chantage, fait par je ne sais plus qui, disant que
les lettres d'excommunication, de suspension étaient
prêtes... La
grosse majorité d'entre nous était pour rester
au travail. Ce qui aidait des gars comme moi, qui
n'était pas très respectueux ni religieux, c'était
des gars comme Roger Déliat qui était la piété
même, tout comme Bernard Chauveau. Or, ils ont
dit non. Cela m'a conforté... Tout
de suite après le premier mars, nous nous sommes
réunis quelques-uns, près de Paris. Le P. Augros,
le P. Hollande nous suivaient. Je me souviens que
nous avons fait un papier au Cardinal Feltin pour
lui dire au nom de tous «Excellence,
nous sommes prêts à tout
simplement, laissez-nous au travail et ne
nous demandez pas d'abandonner nos responsabilités
»... A
l'époque, j'avais résumé cela dans une lettre
(où je disais): Je
ne peux pas accepter qu'aux yeux de nos camarades,
le Christ passe pour un "jaune". Vous ne
me ferez pas jouer le "jaune" au nom de Jésus
! ...54 a été un choix d'Évangile. Le choix qui
nous paraissait le plus important de toute notre
vie religieuse passée. Le choix qui nous
paraissait essentiel, l'essentiel de ce que nous
avions perçu du message du Christ. C'était là
le fond, le cœur du problème »... Louis
BOUYER Dans l'HUMA Au
moment où des millions de
travailleurs, en France comme à l'étranger,
sont en marche vers leur unité, pour défendre
leur pain, leurs libertés
et la paix, alors que patronat et gouvernement
accentuent exploitation et répression pour
enrayer à tout prix les progrès de la classe
ouvrière et sauvegarder leurs privilèges, les
autorités religieuses imposent aux prêtre-ouvriers
des conditions telles qu'elles constituent un
abandon de leur vie de travailleurs et un
reniement de la lutte qu'ils mènent solidairement
avec tous leurs camarades. [...] 2
février 1954 Dans
la "lettre des 73" qui fut publiée
par l'Humanité, la Quinzaine avec
les signatures de 73 PO auxquels s'adjoignirent 5
autres.
« Je pense d’abord, dit André , à ceux qui sont morts dans le désespoir: Jo Lorgeril, jésuite, qui rongé par le remords d’avoir dû quitter la vie ouvrière, sombra dans une maladie bientôt mortelle. Henri PERRIN de l’équipe des barrages, qu’on trouva mort dans un accident de moto, quelques semaines après le 1er mars. Accident ou suicide ? Aucun témoin, la question est sans réponse. C’est lui qui, dans son livre " Journal d’un PO en Allemagne " nous a donné notre appellation d’origine: prêtres-ouvriers . Paul GROS, un ami jurassien, entré au travail en 1951 à Pavillons sous-bois (93), trouvé pendu en 1956... Jo LAFONTAINE, du Havre, déchiré entre les deux choix, et qui, selon la MdF s’est suicidé. Oui on peut rendre hommage à ces victimes de l’oukase de Rome ! Je pense aussi à ces PO éminents qui, selon eux, avaient perdu leur raison de vivre, leur vocation première. J’en cite quelques-uns: Albert BOUCHE, dominicain, fondateur de la revue " Masses ouvrières " et de l’université ouvrière de Marly. Fils d’ouvrier, il travailla dans les mines et l’industrie dès les années 30. Un prophète ! Je l’ai bien connu. Il est mort l’an dernier et a été enterré civilement en Corse. Etienne DAMMORAN, le premier PO de Bordeaux, initiateur de cent " inventions ", des castors de Talence, de la Maison de convalescence des jeunes ouvrières à Cestas. A la réunion de Rambouillet, il était venu dire aux évêques présents: " Vous avez tout détruit. A vous de reconstruire. Salut ! ", et il était parti. Robert PAQUALET, le PO indiscutable. Désigné par le secrétariat des PO, c'est lui qui à la réunion de Villejuif, fit pendant une heure le rapport moral, rapport très orienté. Trois amis PO étaient venus me voir sur le chantier où je bossais pendant les semaines précédentes L’un du Havre, l’autre de Marseille, un autre de Montreuil. Ils m’avaient demandé: " André, que vas-tu faire ? " - "Obéir pour me battre", comme je l’avais dit à la Mission de Paris. Tous trois m’avaient dit alors: "C’est le seul choix possible". Mais après le rapport de Robert Paqualet à Villejuif, tous trois ont répondu: « je reste au travail » [...] Tragédie pour tous, quelle qu’ait été leur décision. D’après Jacques HOLLANDE, le supérieur de la Mission de Paris, qui était un peu le rassembleur de tous les PO français et belges, 46 quittent le travail et 42 y restent. Dix étaient dans l’indécision. [...] Voilà, dit André, au nom de tous, morts ou vivants, ayant obéi ou non, je vous demande de vous souvenir. « Quand la mémoire est morte, disait Péguy, c’est l’espérance et l’avenir qui sont mutilés » [...]
Extraits
de la lettre du
7 février 2004 de André DEPIERRE
1 9 5 4 - R A M E N É S à L' É V A N G I L E Ce texte de Maurice COMBE, paru à l’occasion du 30e anniversaire de la condamnation des prêtres-ouvriers en 54, était repris par la revue "Golias" dans son numéro de l’été 1991. Il en est de nos vies comme de ces troncs d’arbre qui ont séjourné longtemps dans l’eau. Lorsque le courant les rejette sur le rivage, ils apparaissent dépouillés de leur écorce et des parties tendres du bois. Il ne reste d’eux alors qu’une souche nue, un noyau fait de fibres dures et d’un bois noueux. C’est ce long travail de la vie sur nous que nous voudrions dire. Au long des jours, au contact des hommes, nous nous sommes lentement dénudés. Cela s’est fait par une série de lentes et presque insensibles ruptures. Rupture, pas cassure Remontant dans nos souvenirs, il faut bien admettre que ce mot de rupture était inscrit dans nos choix à l’origine, et que notre vie n’a été que le déroulement logique et irréversible de ce point de départ. Le 1er mars 54 n’a été que le moment, l’occasion où nous avons manifesté et affirmé ce que nous étions devenus. Rompre, c’était aller de l’avant et rester fidèle aux exigences entrevues. Nous disons bien rupture et non cassure. Une cassure est un arrêt brusque, un retournement soudain et total. Un refus, un détournement radical, comme si d’un coup plus rien n’existait, où l’on voudrait nier en bloc tout ce qu’on a été. Ce qui d’ailleurs ne trompe personne, même si celui qui casse veut le faire croire. Nous n’avons pas cassé, nous nous sommes seulement dégagés de ce que notre formation nous avait donné de plus superficiel. Des certitudes du catéchisme, des arguments de théologie, des principes de morale étaient silencieusement remis en cause par la vie de ceux qui nous entouraient. Ceux dont l’existence était prise entre les détresses profondes, des exigences inassouvies au sein de dures réalités dont ils ne voulaient et ne pouvaient décoller. Ceux-là nous ont appris ce qu’était l’homme quand il est réduit à sa plus simple expression. Ces vies humiliées, enfermées dans un quotidien écrasant, nous les recevions comme un cri, un appel à plus d’humanité vraie. Ramenés
à l’Évangile Les luttes ouvrières, auxquelles nous participions avec des militants qui souvent ont été nos maîtres, nous disaient l’exigence de justice, de solidarité, de dignité qui était celle de tout un peuple. Cette faim et cette soif étaient-elles la condition tragique d’une découverte essentielle que ne feraient jamais ceux qui avaient pouvoir, argent, culture, et trouvaient dans ces fausses valeurs une "consolation" qui n’est peut-être qu’une irrémédiable "occultation", pour tout dire un mensonge ? C’est ainsi que, malgré nous, comme par la force des choses, nous étions ramenés à l’Évangile. Par delà les siècles et l’Histoire, deux mains se tendaient et se rejoignaient dans la même étreinte. Pour nous, témoins silencieux, ce que nous savions de l’un nous apprenait à mieux comprendre l’autre. La vie de tout un peuple justifiait les paradoxes évangéliques et les condamnations intraitables lancées par Jésus. Et sa vie à lui, ses paroles prolongeaient dans l’espérance l’élan et les désirs de ce même peuple. Découverte
de l’essentiel Nous nous trouvions ainsi semblables à cet homme qui, découvrant une perle précieuse, vend tout ce qu’il a et l’achète. Une perle ça tient dans le creux de la main, mais cela a une très grande valeur. Notre rupture a été moins l’abandon de ce que nous étions et l’affranchissement que la découverte et l’affirmation du seul essentiel. Faut-il dire que la foi qui est nôtre maintenant s’est maintenue et même renforcée sans avoir connu bien des risques ? Certainement non. Il n’est point si facile de garder l’Espérance dans un monde où tout invite à désespérer, ou au contraire à tout attendre de la seule autonomie de l’homme. L’athéisme, comme le rejet de toute transcendance, a sa logique. C’est un fait que nous n’avons pas suivi cette logique là. Nous ne nions pas que ce soit une rude épreuve et que la foi soit chose difficile. S’il faut bien admettre que la foi se ramène à presque rien, c’est un rien peut-être fragile mais étrangement fort. [...] Maurice COMBE dans " Pensées
sur les préjugés moraux "
(Editions Gallimard)
[...] Si aujourd'hui nous sommes prêtres et ouvriers irrémédiablement et indissolublement, c'est au départ à cause d'une question posée à l'Église et à notre sacerdoce. Nous sommes partis à l'usine, encouragés, mieux envoyés par l'Église pour répondre à l'absence du Christ chez des millions de prolétaires, pour répondre au rejet par les formes actuelles de l'Église de tout un monde, le plus simple et le plus démuni. Il ne faut pas l'oublier, nous sommes, d'origine ouvrière ou non, devenus ou redevenus ouvriers par fidélité profonde à cet appel sacerdotal. Nous y avons donné toute notre vie. [...] Comment n'aurions-nous pas été là, autrement et plus que les laïcs, à la jointure de ce monde ouvrier et de l'Église, rejetée par lui pour de multiples et très graves raisons, au coeur même de ce drame où des milliers d'hommes meurent chaque jour par la faute de leurs semblables, et où l'athéisme pratique du capitalisme a arraché la foi depuis des centaines d'années au cœur des prolétaires, sous la bénédiction apparente de l'Église ? [...] Dès lors, nous ne pouvions faire autrement que d'opter pour la libération active de ce monde ouvrier dont nous étions devenus membres, en collaboration avec ses éléments les plus conscients et les plus organisés, auxquels chaque jour la classe ouvrière fait confiance. Nous ne l'avons pas cherché au départ. Nous le devons simplement à nos conditions de travail et d'existence, au partage de toute notre vie avec nos camarades, à la rencontre à tous les échelons avec des militants conscients, en particulier avec ceux de la CGT et du Parti communiste, et à l'analyse de la situation ouvrière que le Mouvement ouvrier nous offrait. [...] Ce que nous venons de dire situe bien le conflit actuel. En fait, l'Église refuse d'accepter cette conscience ouvrière nouvelle que nous représentons au sein de l'Église, et nous refuse d'être ce que nous sommes. Et cela va bien au-delà de nous. il y a d'innombrables chrétiens engagés dans cette affaire. Fait paradoxal: autrefois des chrétiens perdaient la foi quand ils devenaient militants ouvriers conscients et on s'en souciait à peine. Aujourd'hui, des militants ouvriers en grand nombre développent leur foi au contact des réalités ouvrières et cela fait scandale. [...] Nous sommes rejetés comme la classe ouvrière est rejetée par le pouvoir établi, à cause de notre participation active à la lutte ouvrière, et parce que l'Église par la majorité de ses membres et ses institutions, défend un régime contre lequel, avec la classe ouvrière, nous luttons de toutes nos forces, parce qu'il est oppresseur et injuste. Il faut être lucide: l'Église tient à ce régime à cause de ses conditions d'existence, parce que dans ses institutions elle est liée matériellement à lui, même dans ses initiatives les plus charitables. [...] Nous voulons couper court à l'accusation qu'on porte contre nous avec beaucoup de légéreté. Nous ne pensons pas que la foi des travailleurs soit conditionnée par la révolution prolétarienne. La révolution peut s'accomplir sans que la grâce trouve le chemin de nos camarades. Simplement, nous travaillons dès aujourd'hui à libérer la foi au Christ de ce qui peut la compromettre aux yeux de nos camarades et à leur en rendre ainsi l'accès possible. Nous pensons poser par là même, dès aujourd'hui, les préliminaires collectifs d'une annonce de l'Évangile. [...] Il s'agit d'une vie nouvelle, solidaire de tout un monde que nous avons épousé dans la foi et qui conditionne tout, jusqu'à notre vie religieuse. L'un de nous écrit: « Devant cette condamnation, ma première réaction, par appel à la foi, par attachement profond à l'Église, est de dire: je me soumets, douloureusement, dans la nuit, mais je le fais. Et puis le sentiment vient que ce serait lâcheté, désir personnel de sécurité et de paix, par suppression du problème. Lâcheté envers la classe ouvrière, et reniement de ce qui a été toute ma vie ».Coordonnées )
|
|